L’histoire
Un énorme livre qui malgré ses 500 pages se dévore avec plaisir, il rentre dans la catégorie des sagas romanesques.
On côtoie quatre générations de femmes, entre Jérusalem et Tel-Aviv, des années où l’État d’Israël va se rêver, se créer, et s’ancrer dans l’avenir, tout d’abord sous la domination des Kurdes, puis des anglais , et enfin dans l’ indépendance, durement acquise et jamais complètement reconnue.
Une famille où les femmes se pensent victimes d’une malédiction… Depuis Merkada, l’arrière grand-mère, elles épousent des hommes qui ne les aiment pas, qui leur en préfèrent une autre, mais qui par respect pour les traditions, les parents, les religions et les haines insurmontables entre juifs séfarades et ashkénazes, se retrouvent enfermées dans des vies qu’elles n’ont pas choisies.
Elles souffrent et en paient le prix chaque jour, leur mari aussi, et que dire des enfants mêlés à toute cette colère et cette frustration. Elles ont leurs torts, car leurs caractères forts et entêtés les ancrent dans leurs erreurs, leurs frustrations.
Elles le font chèrement payer à leur entourage, mais avant tout, ce sont des femmes malheureuses qui ne savent pas comment s’en sortir pour avoir droit à un peu de bonheur.
Après Merkada, viendra le tour de Rosa, puis sa fille Luna celle que l’on a surnommée La Reine de Jérusalem, pour sa merveilleuse beauté et la perfection de son corps. Mais elle non plus n’échappera pas au malheur.
La souffrance de ces femmes les empêchera aussi de montrer leur amour à leurs enfants.
Elles sont incapables de se laisser aller à dire je t’aime, à câliner, et Gabriela, la narratrice, se construira elle- aussi contre sa mère.
Heureusement, après bien des détours, l’amour reviendra vers elle, et grâce aux récits tout d’abord de sa grand-mère Rosa, puis de sa tante Rahélika, elle comprendra ce qu’ont vécu les femmes de sa famille.
Elle pourra enfin baisser les bras et se laisser aimer.
Magistralement orchestré par l’auteur, qui nous fait vivre le destin des personnages de cette famille attachante, les fils de ces histoires compliquées se démêlent, se lissent et libérent des secrets de famille.
De beaux visages de femmes, de beaux visages d’hommes car ils ne sont pas que les méchants dans ce roman.
On ne s’ennuie pas une seconde, l’écriture est claire et nous évite de se perdre dans les méandres de cette famille aux nombreux personnages, ce que j’ai apprécié car c’est parfois le défaut de ce genre de roman.