L’histoire

Quelle belle écriture, ce roman devrait recevoir un Prix, les éditions JC Lattès devraient proposer cette jeune femme pour le Renaudot des lycéens.

———————

Olivia RUIZ, de son nom de scène, emprunte dans son histoire familiale pour écrire ce premier roman, c’est même parfois compliqué de démêler le vrai du faux car même la date de naissance de la petite fille correspond à celle de la romancière.

A la mort de l’Abuela, sa grand-mère, une jeune femme hérite d’une commode dont les tiroirs de différentes couleurs l’ont toujours intriguée. Des tiroirs emplis d’amour, de secrets de famille et d’histoires dont la grande Histoire de la dictature franquiste à nos jours.

Entrée en possession de ce meuble, elle ouvre aussitôt les 10 tiroirs et découvre progressivement la vie de sa grand-mère Rita, et de la famille de celle-ci.

Enfant, Rita a fui l’Espagne avec ses deux sœurs pendant la guerre civile.

On suit son cheminement jusqu’à son arrivée en France.

On découvre le non-accueil de ces étrangers, 400 000 bouches à nourrir et c’est bien connu, les espagnols, ça sent. Ils sont crasseux et ont des poux. (Les pauvres)

Je connais bien cette région des Pyrénées orientales, j’y découvre autrement le camp d’Argelès où les familles ont été séparées en arrivant en France, la maternité d’Elne, je comprends mieux les histoires racontées dans les musées.

Que d’émotions !

Rita se révèle une jeune fille de caractère. Elle veut paraître française coûte que coûte et se rebaptise Joséphine, elle rencontrera Rafael, son grand amour, à Narbonne ; même auprès de lui, elle se fera passer pour une française mais Rafael n’est pas dupe. Ils iront à Toulouse où habite la mère courage Pépita.

Certains chapitres sont de style joyeux, d’autres bien tristes toutefois. Après la guerre civile, gagnants et perdants doivent cohabiter et Rita tentera deux retours infructueux en Espagne. Le premier durera à peine une journée et lors du deuxième, elle se frottera à la violence des vengeances.

Une petite Cali viendra au monde.

De très beaux personnages colorés dont je ne peux parler sans spoiler l’histoire.

André, l’ami d’enfance, généreux mais taiseux, français et excellent danseur.

Madrina, qui accueille et dirige les arrivées.

Léonor, la grande sœur rangée.

Maisel, l’espagnol fougueux

Carmen, Lola …

A son tour la narratrice laisse des bribes de sa vie à sa fille Nina, comme un juste retour des choses alors que sa mère Cali n’avait jamais voulu connaître ces secrets.

Connue surtout pour ses chansons jusqu’à présent, Olivia Ruiz se révèle une autrice de talent sachant raconter les événements et intriguer ses lecteurs.