L’histoire

BEYROUTH 1983 – En pleine guerre civile…

Les enfants de la petite école de la narratrice sont habitués au bruit des rockets, des explosions, et lorsque le danger se rapproche, les parents viennent chercher leurs enfants en larmes…Sauf que la petite fille ne pleure pas, elle, elle n’y arrive pas, elle attend son Père

Accrochée au doigt de son Géant, son père bien-aimé, elle lui offre sa sérénité, sa joie, son insouciance, sa confiance, et le Père tente de donner le change, essayant de la faire rire… Pourtant ils sont pareils. Ils ménagent l’autre, dans un amour fusionnel, préférant se détruire de l’intérieur plutôt que de montrer leur peur, dans ce Beyrouth de folie, meurtri où il faut déménager sans cesse lorsque les murs s’effondrent.

C’est un combat de chaque jour, que nous racontent les voix alternées du père et de sa fille, reprenant les mêmes mots, les mêmes ressentis, les mêmes peurs cauchemardesques, lui l’intellectuel épris de poésie et soignant les plantes de son balcon, et elle son petit clone, écrivant des poèmes et arrosant les plantes.

Jusqu’au jour de ses douze ans, où elle craque, ne peut plus respirer, crise de panique ou crise d’asthme.

Elle se retrouve aux urgences et lui comprend que son seul salut est de faire quitter le pays à sa fille sa femme et son fils, lui reste à BEYROUTH, incapable d’envisager sa vie ailleurs.

Ils arrivent en France, mais elle n’arrive pas à s’adapter, petite fille ayant toute sa vie fait son sac à dos pour fuir, ne s’attachant à rien ni personne, elle deviendra une jeune femme fragile, sans attache, sa seule vraie joie étant de cultiver comme son père le jasmin et d’autres plantes sur son balcon même les mauvaises herbes.

Et la vie continuera, le père habitant dans BEYROUTH en paix, mais incapable de se reconstruire, tandis que sa fille en FRANCE, bien que toujours fragile et avec tellement de difficultés, commencera enfin à s’attacher, à tenir à quelques objets, à savoir ranger les choses… et à lui lâcher enfin la main.

Magnifique roman sur les dégâts que peut faire la guerre incessante sur les habitants de ces pays meurtris encore et encore. Mais aussi ceux que peut causer un amour trop intense, trop fusionnel, qui emprisonne les êtres et les empêche, à force de ménagements et de protection, de se construire et de se structurer pour affronter la vie qui n’est un chemin de roses pour personne.

Et on trouve aussi dans ce roman une langue poétique pour parler des sentiments intimes, de fleurs et d’amour.