L’histoire

Un roman décalé mais dans l’air du temps.

Se retirer du monde pour être heureux, une écriture très fine pour décrire les fils fragiles de la vie et de nos corps qui sont à l’image d’une fleur coupée dont la beauté se désagrège.

Sophie et Grieg ont fait le choix de se retirer le plus possible de la civilisation.

Les voilà cachés au cœur de la forêt au lieu-dit des Bois-Bannis.

Sophie est un peu chamane et reste observatrice bien que son univers se réduise maintenant à un rayon de 13 kilomètres autour de sa masure.

Elle est romancière alors que Grieg n’écoute plus que la voix des écrivains décédés.

Ils limitent leurs rapports aux autres au plus strict nécessaire, la vieillesse les ralentit, Grieg dort, ne sort plus, mais Sophie, la curieuse frotte son vieux corps usé en se connectant de plus en plus à la nature, aux animaux, aux saisons, écoutant, épiant, elle possède tout.

Il y a bien Litanie, l’âne mais un jour apparaît dans leur vie une jeune chienne qu’ils appellent Yes. Elle semble blessée, et avoir subi des outrages sexuels… Sophie la soigne, la nourrit, mais la chienne disparaît, pour mieux revenir quelque temps plus tard. Cette fois elle s’installe.

Pour Sophie ce n’est pas une chienne, mais une troisième personne, elle l’observe, Yes lui donne des leçons de vie, Sophie calque son attitude sur celle de l’animal, devenant elle-même plante, arbre, animal, elle fait corps avec les pierres et n’attend rien, il pleut, elle reste, laissant couler l’eau sur elle.

Yes va illuminer et changer sa vie et son rapport au monde. Grieg se réchauffe au contact de la chienne.

Entre nature saccagée et joie de vivre, l’existence du vieux couple va connaître un regain de vitalité et d’amour pour éclairer leurs dernières années de vie.

Magnifique écriture pour nous décrire les beautés de la nature mais aussi les ravages du changement climatique et ceux causés par la présence de l’homme, l’auteur nous plonge dans la magie de ce qu’il reste encore aux cœurs des forêts, sans doute pour elle, un dernier souvenirs des paradis perdus.