L’histoire

Un roman que j’avais envisagé de mettre en lice dans notre Prix Grenette

Kya fait partie de la classe pauvre des blancs de Caroline du Nord. L’histoire de sa vie se déroule entre 1959 et 1970. L’épilogue nous amène à l’année 2009.

Depuis sa naissance Kya n’a connu que la pauvreté et la violence dans une cabane au milieu des marais, entourée de frères et sœurs, d’un père qui boit et qui bat sa femme.

Elle a vu partir l’un après l’autre ses aînés, dès qu’ ils ont été en âge d’échapper à leur père, et aux coups qu’ils recevaient.

Petite dernière, elle ne se rend pas trop compte, mais lorsque sa mère à son tour s’en va, son monde et sa dernière protection disparaissent.

Son frère Jodie reste encore quelques temps, mais celui-ci finit par prendre la fuite à son tour. Elle se retrouve donc seule avec son père. Elle a 10 ans, ne sait rien faire, mais se remémore les gestes de sa mère et peu à peu commence maladroitement à tenir la maison, préparer le dîner, faire les lessives…

Son père, pendant une période un peu plus calme, va lui apprendre à pêcher, à ramasser les moules, il lui apprend le marais…Mais après une énième crise d’alcoolisme il part à son tour.

Toute la vie de cette jeune fille va tourner autour de ce marais, Refuge naturel, protecteur, nourricier.

Elle va grandir et devenir une jeune femme cachée et protégée par cette nature qui l’entoure. Elle n’ira qu’un seul jour à l’école, refusant de subir à nouveau les moqueries des autres enfants.

On va la surnommer la « Fille des Marais », on va la croire illettrée et sauvage.

Mais sa rencontre avec Tate, jeune pêcheur d’une incroyable gentillesse va tout changer, elle apprend à lire, à devenir une véritable savante sur tout ce qui touche le marais.

Son don pour la peinture et les croquis lui permettra de faire de véritables recueils de cette vie mystérieuse et riche qui grouille dans ces eaux dormantes.

Tate se charge de les transmettre à un éditeur, mais hélas il s’éloigne pour suivre des études sans lui dire au revoir.

Une fois de plus, déçue, seule et abandonnée, elle se tourne vers une autre rencontre, nuisible celle-là, et elle paiera cher sa naïveté. Mais il ne faut pas oublier qu’elle est une Fille des Marais, belle, intelligente, Aura-t-elle l’idée de se venger ?

L’histoire est prenante, captivante, on a envie de savoir ce qui va arriver à cette jeune fille, mais on se régale plus encore de la description flamboyante que nous fait l’auteur de ces lieux mystérieux qu’elle habite… de la faune, de la flore, des saisons, de sa magnifique collection de plumes d’oiseaux qu’elle se constitue tout au long de sa vie, de ses collages …

On se laisse emporter par cette nature liquide et sauvage, silencieuse et bruyante, bruissant de vie, où jamais elle ne se sent en danger, où son vieux bateau glisse au fil de l’eau, dans les petits canaux enchevêtrés qui, parfois débouchent sur l’océan, sans jamais déranger ce monde aquatique et aérien tout à la fois, où elle s’est fait sa place, là où chantent les écrevisses…