L’histoire

Une carte postale représentant l’Opéra Garnier, avec au dos  quatre prénoms inscrits, une écriture étrange, et un timbre collé à l’envers suffit à ouvrir une enquête familiale remontant le cours de l’histoire et interrogeant la judéité de l’auteure et l’histoire familiale avec tous ses drames.

Cette carte postale anonyme est adressée à Lélia avec les prénoms d’Ephraïm, Emma, Jacques et Noémie, tous les quatre morts en déportation à Auschwitz pendant la seconde guerre mondiale.

Mais pourquoi cette carte arrive en 2003? Qui veut réveiller des souvenirs ? une vengeance, une demande de justice ? La romancière se pose des questions puis oublie cette carte dans un tiroir.

Dix ans plus tard, alors que sa fille Anne, enceinte, vient se reposer chez elle, il revient en mémoire de l’auteure,  cette carte postale et ses quatre prénoms, et  subitement  une envie pressante de découvrir ses ancêtres.

Anne Berest explore un pan de sa généalogie du côté de sa grand mère maternelle.  Malgré les réticences de sa mère, qui ne sait pas tout et cache le reste, l’auteure va avec sa fille  commencer des recherches minutieuses et interroger les derniers survivants.

La famille Rabinovitch est originaire de Moscou où commence insidieusement  la mise à l’écart des juifs, avant que ne vienne la haine.

Emma est enceinte de Myriam la grand-mère d’Anne. Ils partent avant que la situation ne devienne insupportable et, fuyant les bolcheviques, ils arriveront à Riga où ils se reconstruiront une certaine aisance à défaut de fortune. Les parents d’Ephraïm, eux, ont préféré aller en Palestine, où ils créent une orangeraie dans le paradis qu’on leur a promis.

Se sentant à nouveau menacés, Emma, son mari et ses enfants prendront la route de la Terre Promise, comme ils disent, à travers La Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Hongrie, puis le bateau depuis la Roumanie. Ce n’est pas le paradis attendu, l’orangeraie marche mal, et ils se rendent compte que même là, on met à l’index les patrons juifs.

Après trois années passées auprès de parents d’Ephraïm, ils reprennent encore une fois la route de l’exil cette fois-ci pour la France, car Ephraïm croit encore qu’il sera protégé dans ce pays ami.

Avec leurs trois enfants, Myriam Noémie et Jacques, ils se retrouveront piégés en France. Malgré une intégration exemplaire et les avertissements de leurs cousins et amis, ils refusent de prendre encore une fois la route de l’exil via l’Amérique et malgré une soumission presque servile à tous les ordres donnés par les nazis, ils partiront tous pour les camps, croyant aux mensonges des allemands, et n’en reviendront pas. Seule survit Myriam que son père a cachée lors d’une rafle par les allemands.

Myriam aura une fille Lélia, avec Vicente Picabia, ils rentreront tous les deux dans les réseaux de résistance.

Au moment où la mère et la fille commencent leurs recherches, Myriam est atteinte d’ Alzheimer, et ne peut les aider dans leurs recherches. La plupart des témoins sont morts, il reste les archives, les enfants de ceux qui ont abrité, nourri et aidé les membres de familles juives. A cela s’ajoutent  les souvenirs que Lélia tient de sa mère, elles reconstituent le long chemin commun à beaucoup de victimes, et découvriront presque par hasard l’auteur de la lettre qui a tout déclenché.

Un roman qu’on lit avec intérêt, on apprend encore des choses sur ce qu’ont fait les allemands pendant cette période, notamment les mensonges véhiculés pour que les parents encouragent leurs enfants à partir en Allemagne, mais bien que l’histoire de cette famille soit passionnante, je n’ai pu m’empêcher d’y trouver un léger goût de déjà lu.