L’histoire

Une belle majorité place en premier Prix ce roman de la journaliste, éditrice et romancière.

Prix Landerneau, PRIX FEMINA et GONCOURT DES LYCEENS

L’auteure construit délicatement avec pudeur, une histoire d’enfants marqués à jamais, dans l’intimité d’un frère différent.

Que se passe-t-il dans une famille lorsqu’un enfant handicapé arrive ?

Au fil des pages, l’aîné et sa sœur nous promènent dans des lieux magiques, les descriptions de cette région des Cévennes est une bouffée d’air portée par la plume ciselée de l’auteure.

Le focus de L’auteure n’est pas mis sur le combat des parents, elle choisit de prendre comme angle de vue l’intimité et la trajectoire de la fratrie. 

Un bébé magnifique et sage. C’est la maman qui la première se rend compte que l’enfant est aveugle, ses grands yeux sombres qui tournent dans le vague n’arrivent pas à suivre l’orange qu’elle lui montre. Puis c’est la découverte de ce corps qui ne grandit pas, qui ne tient pas sa tête. Les diagnostics médicaux confirment les angoisses des parents.

Le frère aîné et la sœur trop jeunes alors ne se rendent pas trop compte de ce qui se passe.

Puis l’aîné va comprendre et après un moment de flottement va s’investir pour aider son petit frère, devenir ce grand frère protecteur, aimant et complètement dévoué. Prenant même parfois la place des parents et délaissant complètement sa petite sœur.

L’aîné raconte ce pays où les arbres poussent sur la pierre, une région peuplée de bruits, d’odeurs de sangliers et de rapaces, un pays qui impose ses pentes, sa végétation et même parfois ses révoltes. C’est le pays de la famille et de l’enfant qui se laisse porter.

La cadette va avoir l’attitude inverse. Ce petit être lui a volé son frère, elle se retrouve seule, sans ce frère qui passait les journées à se promener et à jouer avec elle.

Elle ne s’ occupera jamais du petit… Heureusement il y a la grand-mère, forte et tendre à la fois pour l’aider à grandir.

Quelques années vont s’écouler autour de l’enfant mais tout devient trop lourd, et les parents le placent dans une institution spécialisée.

Les parents sont désemparés, L’aîné est désespéré, la petite sœur soulagée mais pourtant c’est elle qui mettra toute son énergie à reconstruire la famille lorsque l’enfant disparaîtra à l’âge de dix ans. Elle arrivera à adoucir les traumatismes, à remettre son grand frère qui avait renoncé à ses copains et ses parents dans une nouvelle vie.

Elle restera moins traumatisée que l’aîné, qui se reprochera tous ces moments perdus lors du placement de son petit frère, la cadette créera de nouveaux liens, elle se mariera et aura des enfants.

Et puis un petit frère est né, les grands ont quitté la maison, cette maison imprégnée de la présence de l’autre. Mais lui, souriant et paisible, saura composer avec ce fantôme, se l’approprier et s’en nourrir, il deviendra le lien entre le mort et les vivants.

Trois points de vue, la même histoire racontée trois fois, les voix qui se croisent, même les pierres parlent et racontent, moments de magie dans cet univers pesant, mais non dépourvu d’espérance. Une famille qui ne sera jamais dans l’affrontement, avec une certaine sérénité et une grande bienveillance les uns envers les autres.