L’histoire
PRIX RENAUDOT
Amélie NOTHOMB rend un hommage, plein de tendresse à cet homme qui paraît si doux, elle endosse d’ailleurs l’habit de ce père pour le faire. Pas de distanciation, elle est vraiment ce père le temps de sa jeunesse.
La famille NOTHOMB, hobereaux farfelus et fantasques de province, a vécu dans ce château du Pont d’Oye courant d’air pendant 80 ans au fin fond des Ardennes belges. Ce domaine de rêve a été transformé depuis deux ans en hôtel de luxe.
Pierre Nothomb a épousé la grand-mère d’Amélie, et ils ont eu ensemble un fils Patrick, le père d’Amélie, resté fils unique puisque Pierre décède à la guerre.
Élevé par les grands parents maternels dans un cocon bruxellois, Patrick est gâté et chouchouté par la grand-mère, à tel point que le grand père se fâche et trouve que ce petit fils de six ans doit absolument être endurci. Pas de meilleure idée que de l’envoyer pendant les vacances dans la vrai vie, chez l’autre grand père Pierre Nothomb, 13 enfants, avocat, et poète rêveur raté, un grand père démissionnaire qui a bien du mal à s’occuper de sa marmaille issue de plusieurs mariages.
A la grande stupéfaction de tous, Patrick est heureux dans cette ambiance particulière, il va adorer ces vacances dans cette famille hors norme, mêlé à la tribu spéciale de ses oncles et tantes vêtus de hardes, qui ont plus ou moins son âge. On se lave à la rivière, on ne mange pas toujours à sa faim mais on y apprend la débrouillardise au goût sauvage, libéré de la tutelle parentale.
Il y retournera à chaque période de vacances, et y découvrira d’ailleurs qu’il ne supporte pas la vue du sang. Avec deux grands pères militaires et une envie de carrière dans l’armée, quel handicap !
Toute une partie savoureuse, concise, pleine d’humour.
Puis Patrick fera ses études de droit, deviendra consul, j’ai moins apprécié cet aspect de Patrick , jeune homme, qui connaît des débuts difficiles avec sa future épouse, ses débuts de diplomate et la prise d’otage au Congo.
Dommage, dans cette seconde partie, la narration est plus classique. On n’y sent pas l’implication, l’ironie habituelle de l’auteure.
Un livre qu’on lit avec plaisir surtout la première partie où on sent l’investissement de la fille dans la vie de l’enfant et de l’adolescent. Ce qu’elle ne parvient pas à faire lorsque Patrick vieillit. Elle le met à distance.