L’histoire

PRIX MEDICIS

Une fois de plus, Christine ANGOT revient dans ce roman sur l’inceste qu’elle a subi, de ses 13 à 25 ans, de la part de son père.

Pour certains, surtout les primo lecteurs d’Angot, un très grand moment de lecture, pour beaucoup, un manque de pudeur. L’inceste, c’est l’omerta. Or Christine Angot oblige le lecteur à regarder en face son intime.

Est-ce que Christine Angot a pris le parti de l’identité de victime dans ses romans ? Beaucoup de questions partagent l’avis des lecteurs.

Peut-on guérir de l’inceste ? Cette fois, c’est admirable de courage dans l’introspection chronologique. Elle a été primée, on est en droit d’attendre autre chose dans l’avenir. A suivre !

Fruit d’une des nombreuses aventures extraconjugales de son père, Christine est heureuse lorsqu’il se décide à la reconnaître comme sa fille…Enfin elle a un père et porte le même nom que lui !

Mais à cette joie succède très vite l’incompréhension, . C’est à cette période que commencent les attouchements, les fellations, les caresses et tout le reste.

Au fil des années, elle va se retrouver partagée entre son admiration, sa reconnaissance et ce qu’il lui fait subir. Sans pouvoir se confier à sa mère, la voilà en pleine confusion, coupée en deux.

Est ce normal, ou pas ? Elle voudrait tant  être à la hauteur de ce père brillant intellectuel.

Grand manipulateur, il va lui faire croire qu’il lui rend service pour plus tard, c’est comme cela qu’un père aime sa fille, et puis cela existait chez les pharaons.

De Nancy à Paris, à Tende, à Strasbourg, à Nice, elle essaie de se construire une vie, se marie avec Claude, accouche d’une petite fille Léonore, mais elle va de plus en plus mal.

Elle essaie de porter plainte, se trouve empêtrée dans un flou juridique, renonce, arrive quand même à parler à sa mère, à sa demi sœur puis à la femme de son père.

C’est là que le chapitre devient difficile à comprendre.

Elle a dit non à ces relations contre nature, elle a averti des personnes autour d’elle, mais elle continue à provoquer des rencontres avec son père, à aller dans des hôtels avec lui, à profiter de sa présence, et lui de son corps…Elle a 25 ans, son mari est dans l’appartement au dessous de chez elle, il entend, mais personne ne dit rien.

On ne peut pas savoir mais on devine tout de même à la fin du récit que tout est loin d’être clair, apaisé. Comble de la frustration elle apprend que son père est atteint d’Alzheimer… Trop tard pour réclamer des comptes.

Un livre qui nous laisse devant une foule de questions sans réponse.