L’histoire

Lire des romans étrangers, c’est frôler la culture de ses habitants. Ici dans ce pays du Sri Lanka, on découvre sous une forme un peu hallucinée les combats ethniques, les guérillas, les tigres tamouls, la lutte armée, les attentats-suicides.

Les premières pages m’ont rebutée, c’est quand même un gros pavé. J’y aborde un milieu inconnu d’esprits désincarnés ; des nettoyeurs bouchers de cadavres, des goules, démons, fantômes, bêtes, suicidés.

Ces entités paraissent posséder un organigramme pour s’adresser aux vivants.

Me voilà installée pour sept lunes dans cet antre qui ressemble à ce que les catholiques appellent purgatoire.

Et puis, je suis intriguée par la vie ou plutôt la mort de notre héros Maali Almeida que nous rencontrons dans ce lieu bizarre.

Il nous entraîne avec lui dans cet autre monde qu’il découvre.

Tiraillé entre les -Naraka-, créatures de l’enfer, -Mahakali-, dévoreuse d’âmes, des démons qui veulent le garder parmi eux (Images Sur Google) et les hommes en blanc qui veulent le faire entrer dans la lumière, une sorte de Paradis, par le biais d’un lavage d’oreilles !

Il a sept lunes pour réfléchir.

Maali Almeida veut avant tout savoir ce qu’il lui est arrivé, comment il est mort. Les arbres captent sa fréquence.

Que va-t-il faire… De son passage sur terre il ne lui reste plus grand-chose en mémoire, mais il se souvient tout de même qu’il a été, presque à son corps défendant, un talentueux photographe de guerre, un homosexuel, et un joueur de casino.

Ses photos peuvent éclairer le monde sur les guerres civiles qui déchirent le Sri Lanka depuis 1983. Il voulait organiser une exposition photo par l’entremise d’une jeune amie, sa colocataire, partageant cet appartement également avec son grand amour… Mais comment la contacter, lui qui n’a plus de corps, plus de voix, plus de langue pour souffler à l’oreille de cette jeune fille ?

Comment communiquer ?

Lui dire où sont cachés les négatifs.

Almeida, le fixeur-photographe se souvient de son amoureux DD, de sa mère Lakshmi (En premières pages, il y a les explications des abréviations)de Jaki, sa cousine, du père de DD. Almeida joue au casino et est très friand de jeunes hommes.

Je m’accroche et me souviens avec lui des photos compromettantes de dépotoirs, de rivières polluées et de forêt rasées, de la guerre civile, de crimes organisés par les politiciens attribués aux Tamouls contre les Cinghalais.

Beaucoup de rencontres avec des politiciens grâce à son entourage, de la haut, on voit les soldats indiens qui tuent des médecins et des infirmiers, les escadrons de la mort Pogrom de 1983.

Comment faire passer son témoignage ?  

On assiste à des péripéties plus palpitantes, haletantes et loufoques les unes que les autres, mais l’ironie est que je me prends au jeu et que j’ai même envie de lire un roman solide sur ce pays sri-lankais, Ceylan m’attirait tellement dans ma jeunesse.

Ce livre est un thriller, un roman policier, un roman d’aventure, un roman historique et sociétal.

Almeida veut élucider le mystère de sa mort. Est-elle due à son métier et surtout à ses photos qui pourraient éclairer le conflit. Des personnages hauts en couleur.

C’est bouleversant et drôle.

Et renversement de situation à la fin, la vérité n’est pas toujours là où Almeida la pense.

Une fin surprenante et un syncrétisme de religions même si le fond est hindouiste, on y trouve le purgatoire des catholiques, l’hindouisme, le bouddhisme, l’islam avec les Vierges et la mythologie de la goutte d’eau qui rejoint l’océan divin dans le soufisme