Italie, Éthiopie, Érythrée, toute une histoire de colonisation et d’indépendance que je ne connaissais pas. Des femmes indépendantes et courageuses.
Giadina dite Giada, dort avec la grand-mère aveugle et vit avec sa sœur dans une petite ville de Lombardie. Elles sont élevées à la dure par Tata.
Claques et punitions sont distribuées généreusement à chaque petite bêtise. Plus particulièrement à Giada, que sa tante déteste. Leur petit frère Duccio est en pension.
Seconde guerre mondiale, les bombes tombent. Leur mère, Adi, a quitté son mari italien pour faire fortune dans les colonies italiennes d’Afrique. Elle veut être libre, s’assumer, se libérer du carcan marital et y parvient.
Elle envoie de l’argent chaque mois à Tata qui le garde pour elle et en profite alors que les petites ont à peine de quoi manger et se vêtir. De temps à autre, Adi réapparaît, habillée comme une dame, au volant d’une belle automobile. Elle verse 6000 lires à cette tata à la main leste.
La guerre est terminée et Giadina attend le retour de sa mère avec impatience, mais c’est son père qui vient.
Un peu plus tard, après un voyage éprouvant en bateau vers sa nouvelle vie espérée. Giada débarque à Assab, port d’Érythrée, ce n’est pas l’endroit rêvé.
Giada aide sa mère et s’ennuie un peu, elle domestique une gazelle.
Et puis Giacomo, l’homme au bichon va épouser Giada. Il est beau, il a la peau lisse, de belles dents d’émail et un regard unique. Giada aimerait parler d’amour, mais Giacomo ne la touche pas.
Être mariée lui donne un statut. C’est ce que sans doute sa mère a voulu lui donner en la mariant six mois après leur rencontre.
A la fin du protectorat, les Anglais qui étaient là depuis 1941 partent. À la fin de cette guerre, Adi part en Éthiopie, pays voisin et ouvre là-bas le même commerce qu’elle tenait en Italie.
Giada fait connaissance avec Addis-Abeba où Giacomo tombe amoureux d’une Russe. Giacomo est extravagant, généreux, mais désinvolte et secret.
Malgré sa petite taille, sa silhouette menue, Giada va révéler son courage à l’image de sa mère, et ni les fugues de son mari volage, mais pas mauvais bougre, ni les crasses de sa belle famille, ni les difficultés de se créer une position ne vont la faire plier ni la décourager.
Giada va travailler chez Madame Bedot dont la fille est un peu spéciale. Elle va enfin se hisser dans le beau monde de cette après-guerre, nous sommes entre 1950 et 1960, où la bonne société italienne vit sa période dorée. Entre bals, où d’ailleurs Giada rencontre au cercle Juventus, Dalila, elle se montre chanceuse, nuits blanches, alcools, flirts, poker, parties de chasse dans le désert. Elle remporte le concours du premier prix d’élégance. La frénésie de la danse la prend. Giada retrouve le lit conjugal, une belle vie, du personnel et un Giacomo fidèle, mais incapable de faire tourner ses affaires.
Giada a eu un fils Massimiliano, qu’elle va défendre becs et ongles, le protéger contre sa famille paternelle.
Un premier coup d’État mené par Germame Neway avait échoué.
En 1960, des conflits internes et en 1974, l’empereur Hailé Sélassié est détrôné, il faut prendre le chemin du retour.
La mère est la première à partir, elle déménage à Ravenne, Giada liquide ses affaires et la rejoint. Giacomo ne la suit pas. Le petit Massi est déboussolé, il a froid, il accuse un retard à l’école, mais sa mère va l’aider.
Retour à la case départ, le chemin à l’envers n’est pas facile. Giada se remet au travail, Giacomo rentre. Les voilà à Rome où Massi s’apprête à faire des études.
Dans le Prix Grenette de l’an dernier, nous avions lu, du même auteur, « l’eau du lac n’est jamais douce ». En fouillant un peu sur Giulia Caminito, je découvre la même connexion mère et fille, que son père est né à Asmara et que ses grands-parents se sont rencontrés à Assab, et que sa grand-mère ressemble à Adi.