L’histoire
L’originalité de ce roman réside dans l’étirement et le rétrécissement du temps…
Nous parcourons les siècles de 1486 à nos jours, avec l’histoire d’une famille de verriers de Murano, mais les personnages sont toujours les mêmes, Orsola, et sa famille, mère, frères, belles-sœurs, enfants et petits enfants, neveux et nièces… Pour eux une durée de vie normale, pour nous des siècles.
Mais, très vite, on oublie ou on accepte cette distorsion du temps.
Le père d’Orsola Rosso meurt d’un éclat de verre qui vient se ficher dans la carotide et le vide de son sang.
Contrairement aux autres maestros verriers, il ne crée pas de choses très originales, mais chaque pièce est parfaitement identique à l’autre, il peut ainsi constituer des services de verres de coupes, pour sa clientèle fidèle.
Ce malheur va mettre la famille en difficulté, les enfants sont trop jeunes, Marco l’héritier est un chien fou, orgueilleux, doué, mais incapable de diriger un atelier, et peu à peu la gêne s’installe.
Orsola va trouver une voisine Maria Barovier, seule maître verrier féminin dans la profession, pour lui demande conseil.
C’est ainsi qu’elle va apprendre à travailler les perles de verre, de façon tout à fait artisanale sur un coin de table dans la cuisine, car il est hors de question d’aller dans l’atelier avec les hommes.
Elle va vendre sa production au marchand qui traitait avec son père, et au fil du temps c’est son travail qui tiendra la famille debout. Elle est douée, mais, ne parvient pas vraiment à se faire une place.
Elle va tomber amoureuse d’Antonio, un pêcheur qui veut devenir verrier, scandale ! Tout est codifié chez les verriers.
Elle ne pourra jamais l’épouser, et son grand amour va partir.
On va traverser les épidémies de peste, les guerres, les inondations, les drames intimes ou familiaux, vivre le déclin de la verrerie, concurrencée par les marchés qui s’ouvrent dans le monde à mesure que s’ouvrent les routes du commerce, mais il demeure toujours Venise, la mystérieuse, l’île de Murano, et l’impossibilité pour cette famille de vivre ailleurs et surtout pas sur la « Terraferma ».
L’auteur nous offre un roman dense et foisonnant de références historiques, une promenade dans le monde de la verrerie de Murano qui demeure l’exception et fait encore rêver aujourd’hui.
Le talent de la romancière nous captive de bout en bout.