L’histoire
Masao est ouvrier sur l’île de Naoshima. Il travaille comme ouvrier rectifieur de première classe. Ouvrier modèle et effacé. Tous les soirs il prend le ferry pour rentrer chez lui. Mais qui est ce petit homme terne, sans histoire, sans famille. Pourtant…
Un soir, sa fille Harumi se tient debout devant lui, elle est devenue architecte, elle a un chantier dans les environs, et elle l’attend… Il ne l’a pas vue depuis des années, et se montre gêné et emprunté devant elle. Pourtant, devant son aisance et ses marques d’affection discrètes, il va peu à peu se détendre.
Après cette première visite, ses souvenirs refont surface, ou plutôt il leur permet de revenir et envahir ses pensées.
Jeune homme, il a été charpentier, un métier qu’il adorait, d’autant plus que ces années-là, coïncidaient avec des années de bonheur avec la mère de Harumi, Kazue, une femme étrange, déséquilibrée, mais qu’il a aimée de tout son cœur. Un drame s’est produit, l’enfant a été confié à ses grands-parents maternels, il n’a pas osé demander à la voir régulièrement, il ne se sentait pas légitime.
Il a continué sa vie, et après avoir ramassé les ordures sur une île poubelle, il est devenu gardien de phare, puis ouvrier. Passionné par la mer, il a construit une barque, avec laquelle il a fait de longues promenades sur l’eau, seuls moments où il était en accord avec lui-même.
Peu à peu, les rencontres avec Harumi s’intensifient, ces deux êtres se rapprochent, délicatement, lentement, chacun met tout son cœur à ne pas froisser l’autre, on voit naître cette relation de père à fille, et même nous, lecteurs, nous lisons délicatement pour ne pas les déranger.
L’auteur dans une écriture toute en délicatesse, tisse devant nous, les liens de l’amour filial retrouvé, la reconstruction des sentiments que l’on n’ose pas montrer, avec tellement de douceur.
Merveilleux livre, où des êtres simples au cœur sincère font preuve d’une dignité incomparable.
Ce livre tout en pudeur est un splendide hymne à l’amour.