L’histoire
PRIX RENAUDOT
Gaël FAYE nous emporte dans l’après du drame rwandais.
Un roman fluide grâce à sa qualité de conteur, sa faculté de mettre de la poésie dans l’insoutenable, et même de l’humour quand il raconte les démêlés de ses amis Sartre, Claude et Albert.
Milan ne connaît pas le pays de sa mère, son père est français et sa mère rwandaise, ce foyer au bord de la rupture évite les sujets brûlants. Sa mère tient une boutique de vêtements, son père est cadre dans une banque, et tous les 3 vivent à Versailles.
Sa mère Vénancia imprégnée de culture rwandaise a tourné la page du Rwanda.
-Le passé, c’est le passé.
Seule la télévision évoque le drame du Rwanda.
Un jour de 1994, il trouve un petit garçon Claude au milieu du salon, une énorme entaille dans le crâne, et un chagrin insoutenable toutes les nuits. Milan est heureux, il a un frère ou un cousin, mais celui-ci disparaît comme il est arrivé.
En 1998, les parents divorcent et la mère de Milan l’emmène passer des vacances au Rwanda.
Il a 16 ans et va y découvrir une famille, dont sa grand-mère, sa mère part souvent à Butare et la barrière de la langue l’empêche de comprendre l’ histoire maternelle, surtout que le décès de son grand-père paternel le réclame rapidement en France.
Il a eu le temps de tomber amoureux de ce pays et de ses habitants. Il laisse surtout derrière lui l’amie de sa mère Eusébie, et sa fille Stella.
Il a retrouvé Claude, l’enfant de là-bas avec qui il avait joué à Versailles et qu’il prenait pour le neveu de sa mère. Alors qu’il est son oncle. Le mystère et le silence retombent.
Milan fera des études de juriste, reviendra au Rwanda pour préparer son mémoire en assistant à des procès menés par des juridictions populaires, les tribunaux Gacaca. Il apprend que les premiers massacres commencent en 1959. il verra encore des exécutions, des règlements de comptes, pourtant, le pays essaie de renaître, mais connaîtra jusqu’en 2005 des résurgences de violence, une violence ethnique entretenue par l’Occident, fait que nous avions vu avec le roman -le dernier convoi –
Une histoire de famille sur cinq générations, donc beaucoup de personnages, grand-mère Rosalie grand-mère de Stella morte à 115 ans, Claude dont on parle peu, car il est le fils du père, donc demi-frère de Vénancia , Sartre qui a investi le palais de Kigali avec ses livres et ses CD jamais inquiété car il est hutu, il y recueille et aide les orphelins rwandais, les mayibobos.
Après le génocide, il suffit de rentrer dans une maison et elle vous appartient. Mamie est née en 1938 et gère sa boutique au Burundi, sans doute une femme de caractère, car on l’appelle Madame Monsieur.
Comment revivre ensemble et en paix après cela ? Ne pas demander justice et réparation, personne ne pourrait le faire, seule la résilience pourra le permettre, continuer la vie avec ses blessures, ses larmes, vivre à côté du voisin qui a dénoncé, massacré, à nouveau partager et se parler…
Milan abandonne son travail de juriste, vient habiter ce pays, vit comme les Rwandais, se sent bien auprès de Stella et son jacaranda. Claude lance son entreprise de taxi-moto.
Mais il lui faudra attendre la mort de sa mère, partie dans son silence, pour qu’ Eusébie lui raconte sur sa demande, la vie de celle-ci au Rwanda. Alors avec la compréhension, viendra enfin le temps du pardon et de la paix du cœur.