L’histoire
PRIX ACADÉMIE FRANÇAISE – PRIX FÉMINA
Mon livre préféré pour son écriture sur une épopée captivante dans un style poétique, joyeux, exubérant avec une explosion de couleurs, de descriptions.
Antonio, enfant abandonné à trois jours sur les marches d’une église, est recueilli par une pauvre muette, Térésa, qui mendie sur les marches de l’église. Elle remarque que la présence du bébé favorise l’empathie et le remplissage de son écuelle.
Nourri à la mamelle de la chèvre noire, il va vivre une enfance difficile de mendiant. Mais la protection de Térésa se manifestera face aux pêcheurs lorsque Antonio vole une barque.
Après 3 jours passés à se cacher, elle va lui donner un conseil qui décidera de toute sa vie. -Si tu veux gagner de l’argent, ne vole pas, travaille !
Ce sera le début de son destin. Il garde toujours sur lui la blague à tabac avec laquelle il a été abandonné. Pêcheur, vendeur de cigarettes, porteur, majordome dans un bordel, cette petite tabatière trouvée dans ses langes lui fera retrouver sa famille.
Élias, capitaine d’ EL Nautilus, possède la même tabatière . Il est son père et trop perdu dans sa grande peine, n’avait pu élever son bébé alors qu’il venait d’enterrer son épouse. Il envoie Antonio avec de l’argent à Emiro, son frère avocat, le seul de la famille à avoir tourné le dos à l’avenir d’une génération de navigateurs..
Beaucoup de services rendus entre frères.
On suit les parcours des grands-parents pauvres de l’auteur qui deviendront des médecins renommés. Antonio deviendra médecin, puis après des années d’exercice de son métier qu’il aime passionnément, un grand projet rêvé le fera recteur, poursuivant son destin au côté d’Anna Maria, sa femme, première femme médecin du Venezuela, puis gynécologue.
Des caractères bien trempés. Des études de médecine et pourtant les croyances d’un autre temps persistent.
À la fin des années 40 arrive le dictateur corrompu Marcos Pérez Jimenez. Le couple entre en rébellion. Antonio est fait prisonnier. Il sera libéré lors de la naissance de sa fille Venezuela.
Ils poursuivront côte à côte leur vie singulière et seront considérés comme des fondateurs de leur pays. Leur fille, Vénézuela, puis Cristobal leur petit fils, construiront eux aussi leur vie dans la plus grande indépendance, partant loin, mais toujours viscéralement attachés à ce Venezuela partagé entre tumulte, révolution et fantasme.
Histoire des ancêtres de l’auteur, celui-ci a su entrelacer au fil des pages de son récit, des faits véridiques avec la magie et la croyance en un monde parallèle de magie noire, où vivent des morts très présents, tous se côtoyant en parfaite harmonie.
Une très belle écriture (voir pages 151 et 249 pour conter les histoires d’un continent)
La vie des héros se confond avec l’histoire du Venezuela, les découvertes du pétrole, la corruption, le combat féministe, le droit à l’avortement.