L’histoire

A la fin du 19ème siècle, le phylloxera s’est abattu sur une bonne partie des vignes françaises. Il n’a pas épargné la région du Jura, ruinant nombre de vignerons, qui, pour la plupart n’ont pas eu d’autre choix que de s’expatrier.

Le patriarche de la famille Lonsonier, Lazare premier du nom, a pris lui aussi la route de l’exil, emportant 30 francs et un pied de vigne dans ses bagages… Le seul qui a résisté à la maladie. La fin du voyage devait être la Californie mais finalement c’est le Chili qui l’accueille.

Ne comprenant pas la langue, il répond au hasard aux questions des agents de l’émigration, et c’est ainsi que disant qu’il arrive de la ville française de Lons-le-Saunier, on lui collera ce nom de ville comme nom de famille.

Il va replanter son pied de vigne et se marier avec Delphine, la fille d’un marchand de parapluies, choisie dans la colonie d’émigrés qui sont arrivés avant lui et qui ont déjà recréé une certaine bourgeoisie. Ils auront 3 garçons et une belle aisance …

Mais la première guerre mondiale éclate, leur cœur, toujours attaché à la France, leur dicte de partir faire leur devoir. Les trois frères s’engagent, mais seul Lazare, le fils aîné reviendra, un poumon en moins.

De son mariage avec Thérèse, ornithologue (et tellement passionnée par les oiseaux qu’ils envahissent complètement la maison) il aura une fille Margot, qui, à force de voir ces bestioles voler en liberté rêve de faire comme eux. De là naîtra sa passion pour l’aviation. (A chacun son grain de folie!) Elle veut égaler les pionnières de l’aviation de l’époque, elle aussi, comme les autres femmes de la famille sacrifiera tout à sa passion. La seconde guerre mondiale lui offrira l’opportunité d’assouvir ses ambitions.

Mais après deux guerres mondiales, c’est l’histoire du Chili qui bascule de la Présidence d’Allende dans la dictature de Pinochet.

Elle va obliger la famille à s’impliquer dans ce pays qui les a accueillis et à choisir un camp, volontairement ou non.

Le fils de Margot, conçu dans d’étranges conditions, (et c’est là qu’on rejoint un univers un peu fantastique de chamans, de jeteurs de sort, d’apparitions et de mort) nous fait prendre conscience que l’on est dans un pays d’Amérique latine, ou le réel et l’imaginaire se mêlent encore intimement…

Ilario Da se range,  plus par naïveté que par conviction, du côté des révolutionnaires, et ce choix va faire basculer à nouveau le destin et l’héritage des « Lonsonier ».

Belle histoire de transmission à travers des personnages ballottés par les événements, les courants et les convulsions de l’Histoire mondiale. Tous, grâce à leurs fortes personnalités sauront s’en accommoder et construire leur destin avec ce qui leur est donné.

Ce roman très âpre est traversé par un fil de mystérieuses légendes et d’événements inexplicables, qui pour moi n’apportent rien à cette histoire de famille. Pour d’autres sûrement cela aidera à mettre de la légèreté là où il y en a besoin.

A chacun d’apprécier.