L’histoire

Parker est un chauffeur routier un peu particulier..au volant de son vieux camion complètement pourri, il parcourt les routes de la Patagonie, évitant tant qu’il peut les quelques grands axes, au profit de toutes ces routes secondaires  qui sillonnent le pays. Il a ses raisons car ni son patron, ni lui ,ne sont en règle.

Les marchandises sont illégales, Parker a un permis périmé, son patron le paie quand il y pense, bref, cela lui donne la liberté de flâner et d’arriver quand il en a envie au port de débarquement, où souvent d’ailleurs le bateau qui devait embarquer le chargement est déjà parti.

Il s’arrête où il veut, fait des rencontres improbables le long de ces routes poussiéreuses qui souvent ne mènent nulle part, les gens ont l’air endormi, momifiés par l’ennui de ces grandes étendues où il ne se passe rien. Les seuls points un peu réels sont les stations service où il se ravitaille lui et son camion, quand les pompes ne sont pas à sec. Les gares sont encore là mais les trains ne passent plus…

Parker est différent de ces villageois, ancien musicien, il tente d’oublier son passé

Pourtant un jour il arrive dans un village où une fête foraine s’est installée. Parker s’y rend, et tombe amoureux de Mayten, la caissière du jeu de massacre. Mais c’est la femme du patron, Bruno, jaloux et coléreux. Mayten est malheureuse, s’ennuie.. et après quelques hésitations s’enfuit avec Parker.

Le road movie continue à deux, Mayten a envie d’une autre vie, de voir la ville, de s’amuser, et malgré l’attachement mutuel qu’ils se portent, s’ennuie un peu dans cette vie entre rien et rien… Parker fait des efforts, mais il lui est difficile de quitter ses habitudes…Il ne peut quitter cette déshérence qui ne le mène nulle part mais qui le sauve de lui même.

Le mari jaloux les poursuit, un journaliste déjanté les rencontre de temps en temps, un imitateur des nazis s’attache à eux, tout ce petit monde se croise et se recroise dans l’immensité de ce pays improbable, où tout parait hors du temps.

L’auteur a su par ces mots et le rythme de ses phrases rendre l’atmosphère de ce périple languissant, sans pour autant oublier une certaine poésie dans la description de l’océan menaçant, des grands espaces désertiques, coupés de rivières capricieuses et de montagnes surgies de nulle part, où les vents paraissent vivants et contrariants, mais où les passions humaines n’en sont pas moins torrides et explosives qu’ailleurs.

Très belle analyse des sentiments, Mayten et son envie de frissons, de mouvements, et Parker enivré par ce nouvel amour qui virage après virage, routes secondaires après lacets de montagnes ne peut se projeter car déjà trop enlisé.

Immensité du paysage inhospitalier et personnages hostiles mais inoubliables.

Pour prendre un grand plaisir à cette lecture, il faut se caler sur le tempo de l’écriture de l’auteur.